Je suis passé d'un observateur excessif du réel, à quelqu'un qui attend des visions. La peinture est pour moi un saisissement des dérives, le miroitement d’un temps seul et une fragile survenance de lumière. Les parcours prévisibles ne sont plus privilégiés. L’expérience de la peinture n’est pas complète si elle est décidée d’avance. Pour approfondir dans l'inconnu, il faut donner au temps une dimension en profondeur. Peindre, ici, revient à opérer des glissements — glissements de sens et de temporalité. Ce qui caractérise cette position devant la peinture, c'est la progression discrète et l'abandon complet devant l'indéterminé. Je cherche dans l'acte de peindre un état d'esprit, une complexité imprévisible et une nécessité toujours plus profonde. Ces tableaux s'inscrivent dans un temps de latence, de surgissement et de maturation. C'est un regard traversé par l'émergence. L'espace du tableau agit comme des chambres visuelles en suspension qui maintiennent les figures dans leur fragilité et leur effacement possible. Le regard est invité à ne pas conclure mais à demeurer dans une atmosphère sans emphase, porteuse d'une autre forme de vérité, plus silencieuse, où résonne une tonalité du lointain.





  Intérieur, 2025. Huile sur lin. 119 x 96 cm.





  La chambre aux miroirs n° 1, 2022-2023. Huile sur lin. 200 x 169 cm. Collection particulière





  Intérieur n° 1, 2021. Huile sur lin. 121 x 172 cm. Collection particulière





  Apocalypse silencieuse n° 6, 2019. Huile sur lin. 167,5 x 223,5 cm. Collection particulière





  Dérive n° 8, 2017. Huile sur lin. 203 x 127 cm